Reliefs

Les plus anciens toponymes concernent largement les formes du relief, c’est à dire les hauteurs, les vallées, les formes en creux et les plaines.  Ils sont parfois issus de racines   préceltiques (avant notre ère, environ -1350).

1 - Les hauteurs de très vieilles racines

De nombreux lieux-dits désignant des hauteurs (oronymes) présentent souvent des vestiges d’occupations diffuses ou organisées remontant jusqu’à la préhistoire.

Alleyes (les) :  1603 CC6 f° 140-143. Toponyme à occurrence unique, vraisemblablement dérivé de la racine *al- /aup (hauteur). Au XXème siècle Il désignait encore localement le Mont Aurélien  (voir photo ci-dessous) qui est une appellation romantique. La barre des Alleyes du gaulois * barro.

Les Allées : 1780 Cassini, traduction abusive du toponyme précédent par les cartographes de Cassini (un nom de hauteur devient un chemin). Quartier des Alleyes 1714.

Baniols : 1299, GG 31. De la racine préceltique *ban à valeur oronymique (hauteur) et du roman *balliol enceinte fortifiée. C’est un  Habitat groupé sur une petite éminence à 330m d’altitude dont nous reparlerons ultérieurement avec La Bastida de Baniols et Cadry.

Barcelonne :
Cassini 1780. Double base oronymique *Bar + *Cin + on (d’après Ch Rostaing). Peut-être plateau élevé en forme de demi-cercle. Quartier de la plaine de Barcelonne cadast 1766 matrices 1 f° 201v°.

Bau Rouge (le) :   Carte IGN 3344 0 (Cadastre 1766 matrices 1 f° 182). De la racine préceltique *pal/bal, rocher escarpé, et par extension cavité au pied d’un rocher (Sainte Baume). Cette barre rocheuse de 778 mètres d’altitude, située en bordure du Mont Aurélien, constitue le point culminant du territoire de Saint Maximin en limite du terroir de  Pourcieux.

Berne : Cartier de Maifren  cadastre 1714 CC17  (Nom de famille). Ce promontoire rocheux de  590 m  d’altitude situé dans la partie sud-ouest du Mont Aurélien,  abrite un oppidum de l’âge du fer. 1780 Carte de Cassini.

Espérierre (l’) (voir photo ci-dessous) :  Endroit  pierreux, que l’on a épierré (espeyra) pour récupérer des matériaux de construction.

Esperon (L’) : du germanique *sparro. (CC6, 1603), barre montagneuse entre les bassins  versants de l’Argens et de L’Arc, au bout de la ligne droite de la RDN7 vers Aix.

Meyfred : (1408, BB44). De miey, Mey, Milieu (côté) et fredum (froid). Le quartier froid. In territorio Sancti-Maximini loco dicto apud teulerias Mayfredi (AC St Max BB44, parchemin, 10.12.1408) Quartier de Meiffren 1714  CC17.

Recours (voir photo ci-dessous) :  CSVM 1231 Castro de Cura (418m). De la racine *kur +préfixe augmentatif re : hauteur très pierreuse. Quartier de  Recours 1714. On peut penser aussi à une évolution vers roucous, pierreux en provençal.

Agache de Recours : 1923 (Bulletin de la société préhistorique française T XX, 1923, n° 9).  Du francique aguachar, observer, guetter. Le Castrum de Recours est parfois décrit comme une vigie. Cf Les Gaches au- dessus de Sigon.

Roca Fortis / Rupes Fortis : 1231 CSVM 1034, cités dans le même document, ces deux toponymes évoquent un lieu fortifié en hauteur difficilement identifiable aujourd’hui. Il  est peut-être postérieur  au  site du Castrum Rodanas.

Segols : 1232 GG 30 résumé Mireur, de la racine préceltique *seg/sig. Toponyme relatif à un site perché important (390m) qui évoluera en Sceaux. Quartier des Sceaux 1714.

Sigon : Carte IGN3344 O, de la racine préceltique *seg/sig, à l’origine de nombreux sites stratégiques sur un endroit élevé.

Mont Aurélien - 1960
Espérierre
Recours

2 - Les zones collinaires

Les zones collinaires sont le fait de trois grands éléments structuraux (voir carte ci-dessous) fortement érodés.

1 / 2  À l’est le système de Sainte Victoire et celui de l’Aurélien qui s’affrontent pour donner le Bassin de L’Arc.

3 Les deux systèmes viennent buter en faille sur un grand anticlinal triasique qui s’allonge du sud au nord-est.
Dépassant  rarement  400 mètres d’altitude,  ces zones sont entrecoupées de vallées sèches, autrefois affluents du Cauron ou des ruisseaux de la plaine.

carte_monographie_2
Carte mononographie

Colle :  ce terme est très employé (prononcer couelo). Issu du latin collis (colline). Il est souvent complété par un nom de personne ou de quartier.

Alleyes (colle des) :
1714 CC17    f° 2. Voir Alleyes.

Colle de Campane (La). 1588 CC4. 1714 CC17 Quartier de la colle de Campane. Nom de famille.

Collet de Guilhen Vigon (Le)
.Diminutif de colle, généralement petite colline isolée. 1588 CC4. Nom de famille.

Colle de Cros de Masson (La) : 1588 CC4. Juxtaposition étonnante d’une hauteur et  d’une zone en creux, mais ici Cros de Masson désigne un vaste Quartier.

Colle de Roussin (La). 1523 AD83 3 E 21/10. Nom de Famille ou pseudonyme.

Collete :
1588 CC4. Colle + diminutif. Peut-être nom de famille (Collety sive Verane).

Coulet au Molin Vielh (Le). 1588 CC4. Petite colline isolée au vieux moulin  de Meyronne.

Colle (Le Pratz de la) 1603. Quartier du Pred de la Colle 1714 CC17.

Coulet Redon (Le) (rond) : 1923 (Bulletin de la société préhistorique française T XX, 1923, n° 9).

La grande Colle de Brandine. Carte IGN 3344 0. Alt. 603m.

Brand : 1545 (AD83 3 e 21/60). Relarg au boys de brand. S’agit-il de Brandine ? De brando terre de bruyères, de broussailles.

Bel Air : 1986, carte IGN 3340 0,du latin médiéval  area «grand espace sans culture ».

Costas : de l’occitan còsta, montée, pente, versant.

Coste Aurenge 1603
(nom de famille).

Costas clavellas :
(quartier des) 1364 GG33. Versants clos, fermé ?

La clavellana : 1588 CC4. Idée de fermeture, de clôture ?

Costorous: 1588 CC4. Coustaurouze 1714 (couleur du terrain).

Piegros : le latin podium (colline, éminence de terrain), s’est assuré une nombreuse descendance en Provence : puy, puget, pèi, pujol… Piegros 1573 littéralement grosse colline, est l’ancienne appellation du Défens de Saint Maximin qui sera aussi appelé  Sainte Croix.

Mora (Puy de la) : 1299. Pied de la moro 1588. Pas de la Moure 1588. Peut-être grande colline ronde (mouro). Ce lieu deviendra plus tard le Pas de la Mule.

La montagnette : du latin mons-montis. Toponyme assez récent  employé avec un diminutif. Cette petite éminence qui a servi de carrière est peut-être aussi le site de Castrum Rodanas, comme le toponyme suivant.

Mondon : Moundoun en provençal. Peut-être du latin mons dominus la colline du seigneur. Comme pour La  Montagnette, ce pourrait être l’ancien Castrum Rodanas. Le site est aussi appeléBel Regart en 1515 (AD83 3 E 21/4) puis Beauregard,  1714 CC17.

Le Mont Aurélien (voir photo plus haut)  est une appellation romantique du XIXème siècle, mais que dire du Mont Arago : 1299 AC St Max GG 31 ?

Serre Long : 1558, de l’occitan serra Scie qui a évolué en crête de colline aux formes allongées et dentelées. Quartier de Serre long 1714 CC17 f° 284. On trouve également la Serre de Durant en 1588.

Morgue (Las) 1547 (AD83 3 E 21/41). Les mourgues 1603 CC6. Quartier des Mourgues  1714 CC17. Ce toponyme  est  souvent interprété comme relatif à des religieuses ou des moines. Nous pensons qu’il a une valeur oronymique (soudaine élévation du terrain). Il est à rapprocher de l’ancien nom du rocher  de Monaco qui  Jusqu’au XVIIIe siècle s’appelait Mourgues.
Une autre explication pourrait faire dériver ce toponyme de  la vieille racine *morg signifiant frontière. Mais de quelle frontière s’agirait-il ?

Thoas (Las) : 1588 CC4. Racine *Tob- ou *tov-, désignant une pente, un ravin. 1603 (CC6 f° 126-128) cartier des Touas et Perdigon. 1638 CC10, Touas. 1714 CC17, quartier des touos.

Travers de Mayronne (Le) (CC6 f° 129-132– 1603). Du provençal travers Colline étendue. Cartier du Trävers de Mayronne suivant les limites d’ollieres depuis mayronne jusques au chemin du dit Ollières.

3 - Les plaines

Il est difficile de parler de Saint Maximin sans évoquer « La Plaine » (voir photo ci-dessous) . C’est effectivement l’endroit le plus fertile, cultivé depuis l’antiquité.

La Plaine

Le Plan / La Plano : issu du latin planus,  le mot provençal plan et son féminin plano désignent  une plaine, un endroit plat.

Le Plan appelé La Condamine :
1661 CC11. Nous reviendrons sur le toponyme La Condamine qui évoque une structure agraire féodale.

Plan du Rouve : 1588 CC4. Quartier de la Rouvière (chêne) 1714 CC17.

Plan de  Campeaux : 1603 CC6. Quartier de Campeoux (petits champs) 1714 CC17.

La Plano de Goubran : 1299 GG 31, nom de Famille. Quartier des Planes dit Goubran 1766. Quartier de la Plaine de Gubrian, 1714 CC17.

Las Planes de Cotel : 1588 CC4. Nom de famille ?

Plaine de Barcelonne : cadastre 1766.

Plaine de Garrot : cadastre 1766. Nom de famille (garroute) ?

Planestelle : 1588 CC4. De planesteù plateau, endroit plat et élevé.

La Plano de la  vielho : carte IGN3344 0. La Plaine de la Vieille. Située sur le plateau du Mont Aurélien, ce lieu-dit  est répertorié dans une volumineuse étude sur Le motif ethnolinguistique Vieille Femme / Grand-Mère, associé à la figure de la Terre-Mère en Europe de l’Ouest dans 10 pays européens, par Lee FOSSARD. Voir aussi Lou Pous de la Vielho le puits de la vieille qui deviendra plus tard le Puits de la Ville.

4 - Les vallées et les formes en creux

Les vallées, parfois très marquées dans les zones collinaires par le travail des eaux, ou parfois érodées et sèches, correspondent à une toponymie variée.

Alleyes (vallon des). Voir  Alleyes.

Bonaval : 1364 GG33. Du latin bona vallis, bonne vallée, vallée fertile. Ce quartier est très étendu. Bonneval 1714 CC17.

Mala Vallis : 1082 CSVM. Ce quartier « mauvaise vallée » est le pendant du précédent, il semble aujourd’hui disparu, même dans sa forme provençale Mau Vallat.

Vallon de Nyeu : 1588 CC4. Peut-être patronyme Nyel Pierre, dit. Rapugon. Vallon de Niou 1714 CC 17 F) 3070308.

Vallon de Malconilh : 1603 CC6. Littéralement vallon du mauvais lapin. Ce vallon regorgerait-il de « messugues » ou cistes qui donnent un goût amer aux lapins qui les broutent ?

Vallon de Jonnas : cadastre 1766. Quartier de la Rouvière.

Vallon de Francon : patronyme. 1546.

Vallon de Garronet : cadastre 1766. Hydronyme issu de *gar (pierre,rocher) + ona+ diminutif. Le petit ruisseau caillouteux.

Vallon de verdagne : cours d’eau. 1638 CC10 f° 114v°

Vallon de la Frau : 1714 CC17. Peut-être de l’occitan fraou, terre abandonnée.

Vallon des Reynauds : 1603 CC6. Nom de famille.

Vaulongue : 1541 (AD83 3 E 21/27) de Vallis Longa. Le long éloigné.

Vallonguette : 1714 CC17, le petit vallon éloigné.

Val de la Peyroue : 1354 (AD83 3 E 3385 f° 25), val perisosa, le vallon de la pierrière (carrière de pierres).

Val de Chauvard :
1588 CC4. Nom de famille ou surnom.

Val Fangoas : 1527 (AD83 3 E 21/14 f°473). Du provençal fangous, boueux.

Val de Rogiers : 1588 CC 4. Vallon de Rougiers.

Fouvau : 1603 CC6 De foux (grande source et val). Source vauclusienne qui jaillit parfois près de la route de Marseille. Quartier de Fouvau 1714 CC17.

Val de Clastre : 1364 GG 33. Le mot occitan clastre est souvent traduit par cloître ou presbytère. L’emplacement du lieu-dit  ne se prête pas à une telle interprétation. Il signifie aussi fermeture, enclos, retranchement. Il correspond au petit vallon qui conduit  à la Montagnette, possible site de l’ancien castrum de Saint Maximin.

Val d’Aps : 1513 (AD83 3 E 21/4 f° 165). Vigne et pré alla Val Daps? Vallée écartée (Aps)

  • Dans les plaines, les formes en creux, sont également nombreuses et les différences de niveau faibles.
    Sur la même racine préceltique *klotton « creux » on peut rattacher clot « dépression », cros « creux », crote « cavité », clop « gouffre ». Il est donc nécessaire d’être prudent quant à la signification de ces termes qui ne manquent pas d’être confondus avec crous (croix), clos ou clau (enclos).

Cros  de Raque (voir photo ci-dessous) : 1391 GG 33. Bourbier nauséabond recevant les eaux usées du quartier du couvent. Quartier du Cros de Raque 1714 CC17. Il est abusivement appelé aujourd’hui Clos de Roque.

Cros de l’Aigle : 1588 CC4. Peut-être traduction abusive de cros de l’agule (creux du ruisseau) ?

Cros de Masson : 1588 CC4. Nom de famille ou forme courte du latin médiéval  massoneria, c’est-à-dire construction en pierre.  Cros de Masson 1714 CC17.

Cros redon : 1588 CC4. Le creux rond.

Cros de Vérane : 1588 CC4. Nom de quartier issu d’un patronyme. Quartier de Vérane 1714 CC17

Cros de Serrallier : 1588 CC4. Creux du serrurier (sarralhe), surnom de la Famille Raynaud.

Cros de Motte : 1588 CC4. Nom de famille (Moute).

Cros de Caulvin : 1588 CC4. Nom de famille ou sobriquet (chauve).

Cros de Hugon : 1532 (AD83 3 E 21/20). Nom de famille.

Cros de Duganelle : 1638 CC10. Duganel ou Duganèu  en provençal c’est le nom commun à la hulotte et à la chevêche. Ces rapaces nocturnes avaient peut-être élu domicile dans le  Gouf (gouffre) de Duganelle, ancienne carrière de porte-or de la basilique, mentionnée dans les cahiers de comptes du sculpteur J. Lieutaud  en 1679. Ce lieu est aujourd’hui connu sous l’appellation Trou de Ganelle. Gano et son diminutif ganeu ou ganelle signifie aussi mare en Corrèze. On pourrait  également traduire par trou de la petite mare.

Cros des Mourgues :
1603  CC 6, f°250-274). Quartier.

Cros Jacart : 1527 (AD83 3 E 21/14). Nom de famillle, Carrière de sable en 1527.

Crottes (Les) :
1714 CC17. Les caves ou les voutes, par extension maisons voutées. Quartier des Crottes 1714 CC17.

Cavades (Les) : du provençal  cavar, creuser. Flanc de colline très érodé.

Clos roque