Au 18 Rue Colbert,
L’immeuble ayant abrité la Cour de Justice de la ville de Saint Maximin sous l’Ancien régime, la Justice de Paix ensuite, est situé au cœur du quartier juif médiéval. Il occupe les vestiges d’une citerne construite au XIIe à l’extérieur des premières fortifications de la ville et incluse au début du XIVe siècle à l’intérieur des nouvelles murailles édifiées sur l’ordre de Charles II d’Anjou après l’invention des reliques de Sainte Marie Madeleine.
L’implantation de la construction a d’ailleurs repris l’orientation ancienne de vestiges enfouis d’époque romane voire de l’antiquité tardive.
En dehors du soin apporté à la confection de ses voûtes en plein cintre, la découverte d’une poterie incluse dans le mortier de liaison d’un des mûrs nous fournit un indice. Cette poterie grise non vernissée est décorée à la molette d’une suite de lettres pattées en relief. Décor rare comparable à un exemplaire des fouilles du Castrum de Rougiers.
A l’origine, le bâtiment comprenait une fontaine publique et un aqueduc couverts accolés à une vaste citerne composée de deux bassins dont un démoli ou peut être quatre bassins rectangulaires (au niveau inférieur).
Désaffecté vers la fin du XIVe siècle ou au début du XVe siècle il est partiellement démoli puis réparé et dévolu à une autre fonction. Le bassin conservé est divisé et utilisé comme cellules de prison (graffitis au sol et sur les murs) pour finir en lieu de débauche et de jeu dès la seconde moitié du XIVème siècle. Au milieu du XVIIème siècle le bassin est comblé et réorganisé en deux cellules distinctes dont le dallage de pierres est mis au niveau du sol.
Lors du siège de la ville en 1590, mis par Charles Emmanuel 1er duc de Savoie, nommé Comte de Provence par la Sainte ligue et prétendant au trône de France, le bombardement de son angle nord-est provoque son effondrement. Il sera reconstruit à peu près dans son état actuel et réhabilité dès 1980 par une association locale de connaissance et de défense du Patrimoine qui l’adapte à cette fonction dans le respect de son apparence ancienne. Ce sera l’occasion d’y effectuer plusieurs sondages. Il est ensuite remonté. Plusieurs fois, l’édifice est qualifié de « menaçant ruine » et réparé.
Restauré à partir de 1982 il est remis partiellement dans son état originel. A cette occasion, les travaux font l’objet d’une surveillance minutieuse accompagnée de plusieurs opérations de fouilles par le service municipal de l’archéologie.
Le 19 septembre 2020, après vingt années d’inactivité, l’immeuble est inauguré pour devenir la Maison d’Histoire et du Patrimoine.
Source : François Carrazé, Gérard Tagliavini – Archives municipales et Solange Rostan dans l’ouvrage « Castrum Rodonas » de 1987
Crédit photo : Club Photo Paca