Les Eaux

1 - Les eaux qui courent, rivières et cours d'eau

Les noms des cours d’eau sont, avec ceux des montagnes, les appellations les plus anciennes que l’on puisse rencontrer en toponymie. Ils sont souvent issus de racines très anciennes, parfois préceltiques (avant notre ère, environ -1350).

Argens : Argenteus chez les romains. Fleuve côtier de 115,5 km. Du gaulois *argento argent/brillant. Fonte de Argentia 1013. Il  marque la limite avec Seillons Source d’Argens.

Cauron [cauloun] : Causalone, Collon de la racine *cal- pierre + onno. « Rivière qui charrie du gravier ».
flumine causalone 1060. 1714 quartier de Caulon. Limite avec Nans, Rougiers, Tourves.

Gole d’Ollières (La) [goule] : 1406 GG 37. Du latin médiéval gollia. Ravin d’où les eaux s’écoulent, prope Golam de Oleriis. Le Vallat d’Ollières. 1588 CC4.

Lar : Ar Arum, Laris (XIIIème siècle). Nom provençal du fleuve côtier de l’Arc (85 kilomètres) qui prend sa source dans le territoire de Saint Maximin au niveau de la zone de partage des eaux à 470 m d’altitude, entre le bassin versant éponyme et celui de l’Argens.

Mayronne [mèirone]  : de *mater radical préceltique à large descendance + le suffixe hydronymique gaulois onno caractéristique de nombreux cours d’eau. Fons Matrona en 1013 déesse mère gauloise des sources. Meyrono : 1544 (AD83 3 E 21/59).1603  Mayronne. 1714 CC1  quartier de Meyronne. Ce cours d’eau limite le territoire de Saint Maximin au nord.

Les Mayres (Meyres) [mèire] : on retrouve ici la racine indo européenne mater (mère) qui donne une appellation parallèle aux  principaux cours d’eau de la plaine de Saint Maximin.

La grand mayre dau plan
(torrent d’ollières). 1588 CC4.
La mayre de graviers :
1603 CC6 (Vallat d’Ollières).
La Mayre de Garnier
(Verdagne).
La Mayre Vieille.
1588 CC4. Frontière avec le terroir de Seillons.
Lamayre
(ruisseau des fontaines).

Le Ryal Vielh : 1588 CC4. Le réal vieux,  ce terme aujourd’hui mal compris, est issu du latin médiéval riale, lui-même issu du latin rivus. Le vieux ruisseau. 1038 Aquario longuo et antiquo. 1523 Reale Vetus. Ce torrent impétueux a, au cours des millénaires, déversé son cône de déjection à l’emplacement actuel du village. Son cours est aujourd’hui entièrement canalisé dans la traversée du village.

Le Ruisseau des Fontaines : Rieussèu en provençal du latin rivus. Alimenté par des petites sources au pied du Défens, il recevra les eaux de Verdagne, du Ryal vielh, du Grand Vallat d’Ollières, du Vallon  de Francon avant de se jeter dans La Mayronne. 1714  CC17, quartier des Fontaines.

Vallat : ce toponyme dérivé  du latin vallis  prend  le sens de ruisseau,  il fait référence à l’eau qui s’écoule du fond de cette forme en creux. Il est  en général accompagné d’un nom de ruisseau ou de quartier

 vallat de Verdanne : 1588 CC4
 vallat de Collon 
: 1588 CC44.
 Grand Vallat :
1588 CC4.
 Vallat de Mayronne.
1588 CC4.
 Vallat d’Ollières.
1588 CC4.
 Vallat de Garnier.
1544 (AD83 3 E 21/59).
 Vallat de Guillafred : 1588 CC4.
 Vallat de Francon :
1546 (AD83 3 E 21/61). vallat que ven del vallun de Francon.
 Valasubre
(le ruisseau du dessus) en parlant du Cauron.

Verdagne : de la racine préceltique  *vard (eau) +onno. 1588 CC4. Verdanne. Terre franche par lettre patente du roi René du 13 juin 1458. 1714 CC17, quartier de Verdagne.

La Villone : peut-être racine hydronymique  indo européenne *ab- avec élargissement en i-one (comme pour Avignon). Il pourrait s’agir d’un cours d’eau  aujourd’hui à sec, prenant sa source près du Jas de la Villone et se jetant dans le Cauron.

2 - Les eaux qui jaillissent. Sources et fontaines

Dans notre pays qui connait la sécheresse estivale « l’eau c’est de l’or » comme le disait F.Mistral. Les provençaux connaissent l’importance des sources et des fontaines, surtout à Saint-Maximin connu pour son « aiguo de pous » (l’eau tirée du puits).

Le radical latin fons-tis « source » a donné lieu à un nombre considérable de toponymes.

Font Frege [fouen] : la fontaine froide Source au quartier de Meyfred, en limite du terroir de Pourcieux  et  canalisée par les frères prêcheurs pour alimenter en eau le couvent.

Le Portal de la Font : [lou pourtau dé la fouen]. Portalis fontis, 1518 (AD83 3 E 21/5). En 1530 achat d’une étable devant les gradins ou escaliers du portail de la Fontaine sive Portal de Marcelha (AD83 3 E 21/18).
La Font del Rove : 1524 (AD83 3 E 21/11). Fontaine du chêne.
La font de Garnier : 1557 (AD83 3 E 21/49. Nom de Famille.
La Font d’argens. 1018 CSVM. Fontem de argentia.
La Font de Courtès 1714 CC17 quartier de la Font de Courtes (nom de famille).
Font Trobade 1400 (AD83 3E 3386  notaire Honnoré Riqui). Fontem Trobacum la fontaine trouvée ?  1714 CC17. Quartier de Font Troubade.
Quartier des Fouens  Cadastre de 1766.

Le Torrent du Saint-Esprit : 1400. Généré par Font trobade, c’était un affluent du Cauron.

La Foux de Meyronne : de fous grande source. Importante source vauclusienne. Fons Matrona 1013 la  source de mayronne.

Les Fontettes : 1674 les petites sources notamment celle de Vitouret. Le toponyme de cette source est probablement inspirée par les moines Victorins de Marseille qui possédèrent un temps le site de seaux, avant qu’il devienne propriété des dominicains.

Fouvau [fouvau] : 1603 CC6. Foux vau (le vallon de la grande source) peut correspondre à la source vauclusienne (foux) qui jaillit parfois près de la route de Marseille. 1714 CC, 17 quartier de Fouvau.

Le Rayol : toponyme aujourd’hui non compris car la source est tarie. De raia, raja, couler. Rai (filet d’eau) + diminutif  avec suffixe –ol. Petit filet d’eau. 1714 CC17 quartier de Rayol.

La source de Guilhafred : fons guilha fredum. La source du ruisseau froid.   1369 (AD83 3 E 3385)  apud guila fredum. Du latin médiéval  Gulho, fossé étroit, Agulla, fossé d’irrigation ou d’assèchement + fredum, froid. 1714 quartier de Guierofrey.

La source de Berne et la source de Recours : ces deux petites fontaines à faible débit aujourd’hui, constituaient vraisemblablement les sources du Real Vieux.

3 - Les eaux dormantes

Un nombre important de termes relatifs aux endroits humides et marécageux sont restés dans la toponymie. Le territoire de Saint Maximin qui dans le Haut Moyen Âge devait ressembler parfois à une petite Camargue, présente des noms de lieux relatifs à des zones temporairement inondées.

La Boudousquière (AD 1545 (3 E 21/60), las bodosquières du provençal boudousco/ bourbe + suffixe collectif -iero. Lieu où l’on trouve de la bourbe. 1714 CC17 quartier de la Boudousquière.

Les Bauquières [bauquière] : origine gauloise *balcos. Du provençal bauco (prononcer baouque) + suffixe collectif -iero. Lieu humide couvert de graminées à tiges dures. 1559 (AD83 3 E 21/51), las Bauquieres. 1714 CC17 quartier des Bauquières.

L’Estagnol
[estagnòu] : 1588 CC4. Du latin  stagnum (étang) + diminutif. le petit étang. Quartier de l’estagnol 1714 CC17.

L’Estandart : quartier qui jouxte l’estagnol précédemment cité, où se seraient produites les escarmouches de 1524, au cours desquelles les troupes de Charles-Quint perdirent un étendard. 1588  CC4, la faisse [faisse] (bande de terre soutenue par un mur) de l’estandart à l’estagnol. 1714  CC17 quartier de l’Estandar.

Le lauset 
[lausé] : 5 décembre 1400 (AD83 3E 3386  notaire Honnoré Riqui,  loco dicto al lauset. Du provençal laus +diminutif, le  petit lac.

Le Launet : 1405 GG 37 résumé Mireur, peut-être même étymologie que lauset.

Les lones :
ad Lonas, lonos. Lagune. Les templiers y ont acquis des biens contestés en 1256, puis échangés en 1271 (J.A. Durbec, bull. arch. Draguignan XIII). 1714 CC17, Quartier de la Laune.

La Laouve :
écriture phonétique de la diphtongaison issue du provençal lagas/ laus /lauve (le lac). La laouve 1812 cadastre napoléonnien.

Les Paluns : 1588 CC4, du latin palus–dis, marécage. La Palud, les Paludz. 1714  CC17 quartier des Paluds.

Rudel [rudèu]: 1288 CC4. Peut-être Racine préceltique *rod  (humidité) + suffixe diminutif –ellum petit ruisseau? 1714 quartier de Rudeau difficile aujourd’hui à identifier comme une zone humide.

Val Fangoa [fangoua] : 1527 (AD83 3 E 21/14). Du provençal fangouse (boueuse) la vallée fangeuse. 1527 Construction d’une bastide à Val fangoa.

4 - Caractéristiques et aménagements des cours d'eau

Les cours d’eau présentent des caractéristiques comme les méandres, les trous d’eau, les défilés. Ils sont souvent aménagés pour l’irrigation ou la distribution d’eau. On y trouve également des abreuvoirs pour le bétail, des gués, des ponts.

L’aqueduc de L’Argelié [argélié]: 1038 CSVM. En partie accouplé au Real Vieux ce canal antique abreuvera les habitants durant près de 1500 ans.

Les abreuvages : du provençal abeùrage, lieu où s’abreuvent les troupeaux. De nombreux lieux d’abreuvage étaient  aménagés, principalement pour les ovins. Nous  reviendrons sur les abreuvages et les puits dans un chapitre dédié au pastoralisme.

Le  Défilé des  Arès : 1299 AC  GG 31, quartier des Arcs.  Prononcer Z’ar. Du latin arcus, pont à arche. Ce toponyme fait référence à l’aqueduc romain tout proche  sur la Mayronne. Cadastre de 1766 le pont des Ares. 1714 CC17, quartier du Pont des Arez.

La Dougue Vielhe : 1393 AC GG 37. De douga aqueduc, fossé couvert. La charte Guérard 330 du cartulaire de Saint-Victor, datée des années 1025, fait mention d’une donation ad fontem de  Dogavella. 1638 CC10, Dougue Vieille.

La Gaffe : mot provençal signifiant gué.

 Les Gourgs : du latin médiéval gordus (trou dans une rivière ou trou d’eau).

Gourg de Rayol.1588 CC4.
Gourg des Tuelles. Peut-être le trou d’eau des ajoncs nains (roseaux jaunes)  (tuias). 1588 CC4
Plan des Gourgs. Planus dels gos en1398 pourrait aussi être interprété comme la plaine des gués.

Gouf (gouffre ) de dugenelle 1679 (Cahier de comptes du sculpteur J. Lieautaud ) . Il s’agit en fait, d’une ancienne carrière de porte-or utilisée pour la construction de la basilique  Cros de Duganelle (CC10 – 1638). Le Trou de Ganelle : de gano   mare bourbeuse + diminutif ello.

La Planque : Cadastre 1766. Du provençal planco, passerelle d’un ruisseau, pont rudimentaire sur le Cauron.

Resclauvo [resclauve] : du provençal resclauvo, écluse, retenue d’eau. 1550 (AD83 3 E 21/43) un resclauvo en Caullon  au lieudit a Dogua Vielhe.

Rego (La) [règue] (chemin de). 1714 du provençal rego qui vient du gaulois *rica, sillon. Peut être associé au provençal reguier  petit ruisseau d’arrosage.

Requieu : 1555 (AD83 3 E 21/46)  au lieu dict à Requyeu. Lieu possédant un ou des  ruisseaux d’arrosage. 1714 CC17, quartier de Requiou.